La plupart des livres récents que j’ai feuilletés ne parlent pas du « comment préparer des produits à base de propolis ». Les auteurs se contentent de décrire les produits que l’on peut trouver dans le commerce et comment les utiliser. Aussi me suis-je amusé à compulser d’anciens précis et manuels d’apiculture.

J’y ai même lu, références scientifiques à l’appui, que la propolis provenait principalement d’un gésier à pollen, situé entre le jabot et l’intestin, et serait un produit résineux provenant de la digestion du pollen. L’ouvrière utilisait ce produit dans la ruche comme vernis, comme mortier et pour imprégner les nouvelles cellules avant la ponte de la reine. Je n’ai jamais retrouvé ailleurs ces assertions. Cela pour dire que la propolis n’avait pas été étudiée en détail avant les années 50.

Actuellement on s’accorde pour dire que la propolis provient des bourgeons de certains arbres : marronniers d’Inde, peupliers, bouleaux, aulnes, frênes et quelques conifères. La propolis est « un ensemble de matières résineuses, gommeuses et balsamiques » dont les composants varient en proportions selon les essences butinées. Ce sont, en effet, les butineuses qui vont récolter ce produit, et le ramènent en gouttes collées à leurs pattes postérieures telles des pelotes de pollen.

Les composants intéressants sont obtenus après filtration de la propolis, réduite en petits morceaux et plongée dans de l’alcool ; résines, pollen, cire sont éliminés ; restent principalement les flavononoïdes et autres produits phénoliques et aromatiques.

Composition de la propolis :
55% de résines et baumes
30% de cire
7% d’huiles essentielles
3% de pollen
5% divers

Une colonie produit entre 100 et 300 g de propolis par an.

Les propriétés connues de la propolis sont : antibiotiques, fongicides et antiseptiques.

J’ai repris quelques utilisations de la propolis dans l’ouvrage : « Les Produits de la Ruches » d’Alin Caillas (1947), préfacé par le Dr. Moreau du Laboratoire d’Études et de Recherches Apicoles de la Faculté des Sciences de Nancy. Ou dans « Le Rucher de Rapport et les Produits de la Ruche » du même auteur.(1963). La propolis entre dans la composition de crèmes de beauté et de produits cosmétiques.

Recette d’un onguent vétérinaire à appliquer sur blessures et abcès des animaux :
« 100 g de vaseline ou de graisse animale
« porter à ébullition puis laisser refroidir à ± 50°
« ajouter 10 g de propolis et réchauffer à ± 75°
« agiter pendant 10 min
« filtrer à travers une étamine et laisser refroidir. »

Un emplâtre à base de propolis peut agir contre les cors, durillons ou verrues.
Teinture à la propolis :
« 1 litre d’alcool à brûler
« 100 g de débris de propolis Laisser en contact 24 h.
Remuer et filtrer à travers un linge fin.
Badigeonner l’intérieur et l’extérieur des ruches … ainsi recouvert le bois prend une teinte « jaune vif et devient imputrescible. »
Ce vernis peut aussi protéger efficacement le fer contre la rouille : outils de jardin, outillage apicole, etc.

Un vernis à base de propolis est utilisé pour les instruments de musique. Il a été prouvé que Stradivarius en utilisait un sur ses violons et certains attribuent à cela leurs qualités exceptionnelles.

Vernis :
« 200 g de déchets de propolis
« 100 g de cire d’abeille
« 400 g d’huile de lin mélanger à chaud, doucement, puis laisser reposer 15 jours

Mastic à greffer :
« 1 partie de propolis brute
« ½ partie de cire d’abeille
« huile minérale : Q.S. (quantité suffisante). »

Pour attirer les essaims :
Faire dissoudre à saturation dans de l’alcool, de la propolis concassée. Laisser macérer pendant quelques heures. Décanter. Ajouter ensuite de la mélisse officinale ou de l’écorce de citron. Laisser à nouveau macérer  pendant quelques jours ; filtrer et exprimer. Pour l’emploi, badigeonner  l’intérieur et l’entrée des ruches vides préparées à cet effet.

Ou encore, sans alcool, qui s’évapore vite :
« 100 g de propolis
« 100 g de cire d’abeille
« 30 g d’essence naturelle de mélisse ou de citron.
« On obtient ainsi une pâte qui s’évapore très lentement et conserve pendant 10 ou 15 jours son pouvoir d’attirer les essaims de fort loin, en période  favorable bien entendu. »

J’ai quand même trouvé un livre récent dû au Dr. Yves Donadieu, de la faculté de Médecine de Paris, « La Propolis » (2008) (bibliothèque de la SRABE). Il nous livre quelques recettes, très proches de celles précitées :

Pommade à base de propolis, pour applications cutanées externes :
« 10 g d’extrait mou de propolis
« 10 g de lanoline
« vaseline q.s.p. 80 g.

Teinture alcoolique de propolis :
«  1 à 2 parties de propolis, sans impuretés, pilée
« 10 parties d’alcool éthylique à 70°
« Dans un récipient en verre opaque, bien fermé  Laisser macérer pendant 2 semaines en agitant le mélange 2 fois par jour
« Filtrer et jeter ce qui n’ a pas été dissous.

Le Dr. Donadieu nous révèle quelques « trucs » utiles :

« Il semblerait que mâcher de la propolis quand on manipule les abeilles leur ôterait l’envie de nous piquer …

Pour moudre de la propolis dans un moulin à café électrique, placez-la au préalable quelques heures au congélateur. Elle deviendra dure et cassante …

Avant de faire une préparation à base de propolis, il y a lieu d’éliminer la cire qu’elle contient quand vous la récoltez (± 30%) : chauffer cette propolis dans de l’eau, à 70° min. La cire fond à 68° et remontra en surface. C’est avec la partie visqueuse qui tombe au fond du récipient que vous ferez vos préparations.

Rappelons que la propolis est, avant tout, un produit récolté par les abeilles pour servir à colmater trous et fissures dans la ruche, à renforcer les constructions en cire, à désinfecter, à embaumer d’éventuels parasites de la colonie trop volumineux pour être sortis par elle-même. Le sujet est vaste et je n’ai voulu, dans ces quelques lignes, que recopier certaines recettes qui ont fait leurs preuves, certes, mais qui datent parfois de quelques dizaines d’années.

Claude Vin.