Début juin, je profite de conditions météorologiques propices à un de mes meilleurs loisirs favoris : observer le nichoir placé, entre le comtesse de Paris et le bon chrétien William, sur le mur du jardin. Tout en savourant une « Pintje ».
La seconde ponte est terminée, la couvaison aussi, car j’observe que et la femelle et le mâle sortent et reviennent avec une chenille ou un insecte. Ce sont les mésanges charbonnières (Parus major), le mâle se repère tout de suite à sa large ligne noire qui raie son ventre jaune.
Il y a des années que j’analyse leurs leçons pédagogiques au programme évolutif mis au point depuis des siècles et sans décrets inscriptions.
D’abord ne rentrer avec sa proie qu’après s’être assuré que notre chatte grise fait la sieste ailleurs. Observations faites en sautillant d’une branche de figuier à l’autre. Ensuite, la pression des cris des ventres vides monte à tel point que les parents rentrent « en direct » : plus le temps de surveiller les environs.
Je remarque en passant que ces oiseaux sont fort contrariants. Pour une lutte intégrée et bio contre les ennemis des arbres fruitiers « ils » disaient qu’il est bon de placer des nichoirs… mais voilà, mes mésanges vont chasser chez les voisins, jamais dans mon jardin ! Devrai-je placer des nichoirs chez les voisins ?
Donc à un certain moment commence la deuxième phase de l’éducation de ces chers petits. Il faut associer la nourriture à un son. En arrivant les parents s’arrêtent à nouveau sur une branche proche et ils jettent un cri tout en gardant la proie dans le bec. Après quelques signaux, ils entrent avec leur « pizza sur roue » ou plutôt leur mouche sur ailes. (Essayez un peu de crier tout en gardant une pomme entre les dents ?).
Cela dure entre le dixième et le douzième jour.
La leçon est bien comprise ? Cri égale bouffe. Ce que je ne distingue pas c’est si le cri est en F ou en N, à Overijse, le sujet est délicat…
Troisième étape, les parents reviennent, lancent leur fameux cri mais sans proie dans le bec. Les petits affamés gueulards passent la tête par le trou du nichoir et jettent des regards sur la grande nature. Peur ? Envie d’évasion ? Ventres creux ! Toujours est-il que l’équation devient de plus en plus évidente : la bouffe est dehors !
Alors se produit un spectacle, presque aussi beau qu’un départ d’essaim, c’est l’envol mésangeau, l’un derrière l’autre, en moins d’une minute, ils se retrouvent dans les environs cramponnés à des branches et hurlant de faim et de panique : « vader !, maman ! »
(Bien braves, les parents viendront encore les nourrir là où ils sont agrippés, pendant un jour ou deux.)
Pourquoi conter cette longue histoire à des apiculteurs ?
Parce que cette année, alors qu’elles en étaient à la première leçon, j’ai observé une chose étrange.
J’ai vu un frelon entrer dans le nichoir… Ai-je bien vu ? C’est rapide … Perplexité et incrédulité. Mais non, voici un autre frelon. Il se pose sur le bord du trou du nichoir, un instant, puis il entre, comme chez lui, avec sa belle couleur orangée. Ce n’est pas possible ! Mais oui, en voilà un qui sort maintenant. Plus de doute !
Ça alors, mille sabords !
Que va-t-il se passer ? Vont-ils piquer les bébés mésanges ? Ou bien les parents vont-ils tuer ces frelons ?
J’ai observé aux jumelles, j’ai vérifié auprès de mes auteurs et ce sont bien des Vespa Crabro, de l’ordre des Hyménoptères famille des Vespidés (comme nos « Guêpes vulgaires »).
C’est alors que des amis français viennent passer quelques jours à la maison et que ma fonction de vigie passe au second plan. Quelques jours plus tard, un midi, il est évident (au son et à la vue) que l’envol s’est fait, ou, que l’hécatombe a eu lieu. En tout cas, les frelons occupent la place. Et comme je nourris une grande suspicion contre le venin de frelon, le soir je mets un peu de poudre à l’entrée du nichoir. Le lendemain, je le décroche. Il s’ouvre par le bas. Je dégage délicatement le nid de mousses, doux et émouvant, j’y trouve un œuf non éclos et un bébé mésange tout petit, mort.
Et dans le haut du nichoir…. Un superbe nid en cercle d’alvéoles hexagonales, certaines en construction, d’autres avec des larves blanches et d’autres encore déjà operculées.
Aucun doute. Cette étrange cohabitation a bien existé ! J’ai montré ce nichoir à quelques éminences lors du tournoi des ruchers. Je pourrais terminer par une moralité sur un autre type de cohabitation, genre linguistique, pour conclure par exemple « dat es toch ongeluuuuvelijk, Tich, ma tes tof zu…. »

Sain Michel