Conférence de Renaud Lavend’homme à Namur le 28 janvier 2007

Il est bon, avant d’aborder le sujet, de rappeler brièvement quel est le cycle de reproduction des varroas. Reprenons le texte de Szaniszlo Szoke paru dans le Rucher Fleuri d’avril 2005.
« Une femelle varroa fécondée pénètre dans une cellule prête à être operculée et va s’engluer dans la gelée royale. Elle pond un œuf de mâle, suivi de trois ou quatre œufs de femelles. Le mâle va féconder ses sœurs dans la cellule après quoi il meurt. A la naissance de l’abeille, les femelles sortent et plongent au plus vite dans une autre cellule prête à être operculée. En général deux ou trois femelles seront fécondées par cellule. »
Revenons aux abeilles :
Deux chercheurs américains, John Harbo et Jeff Harris ont sélectionné des abeilles SMR (pour suppression of mite reproduction) selon l’absence de progéniture de varroas à l’intérieur des cellules. Ils pensaient que c’était une protéine de l’hémolymphe des abeilles qui empêchait le développement des varroas.
Un autre chercheur, Marla Spivak, travaille sur les abeilles HYG (pour hygiénique). Ces abeilles sont sélectionnées pour leur capacité de nettoyer un cadre de ses nymphes malades ou mortes. Elle effectue des tests en congelant une partie de cadre à l’azote liquide, un nettoyage à 95% correspondant à une colonie fortement hygiénique.
Appliqué à des abeilles sélectionnées SMR, ce test a donné un résultat de 98%.
Spivak s’est alors intéressée de plus près à ces abeilles SMR et a, par une série de tests, démontré qu’elles sont non seulement capables de détecter les nymphes infectées par les varroas, mais surtout de reconnaître parmi les varroas présents dans les cellules, ceux qui sont reproductifs, de désoperculer l’alvéole et de cannibaliser la nymphe infestée, sans s’occuper des varroas non reproducteurs.
Les varroas non reproducteurs ne représentant pas de danger pour la nymphe ni pour la colonie, les outils de résistance anti-varroas doivent se concentrer sur les varroas reproductifs.
Ces abeilles, rebaptisées VSH (pour varroa sensitive hygienic), bouleversent la reproduction et le développement des varroas.
De nombreux sélectionneurs travaillent actuellement sur ce caractère VHS. Une abeille VHS est déjà commercialisée aux Etats-Unis (calmons-nous, elle n’est pas du tout adaptée à nos climats). Mais ce caractère est présent dans toutes les races d’abeilles ; il est donc possible de le sélectionner, en calculant la proportion de varroas sans œufs dans le couvain.
L’observation d’un plus grand nombre de colonies permettra de disposer d’un plus grand échantillon de données. Tous les apiculteurs peuvent participer.
Comment ?
En ne supprimant pas les colonies qui présentent un couvain « troué ». Il s’agit peut-être d’une colonie à fort caractère VSH.
En comptant le nombre de varroas non reproductifs dans les cellules, à l’aide d’un binoculaire ou d’une loupe d’électronicien. Ce comptage s’effectue uniquement sur du couvain femelle (les cellules mâles peuvent être infestées par plusieurs varroas, rendant impossible le comptage de varroas non reproductifs), et après le 17ème jour d’operculation. En effet, l’abeille VSH agit sur les cellules infectées entre le 1er et le 17ème jour après l’operculation.

Affaire à suivre

Anne