Tout a commencé par l’envie de sortir des sentiers battus (mais pas trop loin vu notre grand âge) pour découvrir une région encore peu connue qui fait ses premiers pas dans l’Europe.
Bien évidemment la Roumanie ne pouvait que répondre à nos attentes et nous n’en fûmes pas déçus !
Après une traversée de 1600 km via l’Allemagne, l’Autriche et la Hongrie, nous sommes entrés dans le pays des Roms. Dès les premiers mètres d’asphalte roumain caractérisés par plus de trous que de bords de trous, nous avons pu découvrir un pays de contrastes animés de Roms antiques et de Roms modernes.
En effet, les charrettes de foin tirées par de très maigres chevaux croisaient des semi-remorques attelés à des centaines de chevaux rutilants et rugissants.
Les vieilles Dacia, rescapées de l’époque communiste enveloppaient d’une étrange fumée bleutée les nouveaux dieux de la route : 4X4, Behemvé, et autres Merdecédes.
Mais notre grande surprise a été de voir aux détours des routes carrossables des êtres étranges parfois couverts de larges tuniques blanches, la tête voilée d’un treillis et surmontée d’un chapeau à large bord, le sourire aux lèvres : des happy culteurs. Habitants d’antiques roulottes colorées, ils pratiquent la transhumance en suivant les différentes floraisons au fil des saisons.
Ces mobilhomes d’un autre temps sont composés d’une petite pièce rudimentaire servant de cuisine, chambre, salon, salle de bain de 4 mètres carrés prolongée par le rucher. Celui-ci est souvent équipé de plus de 80 ruches réparties de part et d’autre du véhicule sur 3 voire 4 niveaux.
Un couloir central permet à l’apiculteur d’accéder aux ruches. Celles-ci sont à bâtisses froides et sans hausse. Une remorque truffée d’autant de ruches y est souvent attelée.
L’apiculteur élève ses colonies dans des ruches disposées sur le sol à proximité.
Celles-ci ont l’aspect de ruches classiques. Elles sont cependant partagées en 3 ruchettes dont les entrées sont alternées à l’avant et à l’arrière.
Le miel, vendu à un prix relativement élevé pour les Roumains est conditionné dans une multitude de récipients différents : des bouteilles en plastique, des biberons, des pots à confitures etc… souvent sans étiquette.
Dans la plupart des villes, on peut trouver des magasins spécialisés en produits apicoles : matériel divers, produits de la ruche, produits pharmaceutiques et cosmétiques.
Notre roumain étant très sommaire et basé sur un langage gestuel proche de l’italien, nous n’avons pas pu assouvir notre curiosité apicole. De nombreuses questions se heurtent encore dans nos têtes et nous laissent sans sommeil.
Comment extraient-ils le miel issu de ruches sans hausses ?
Connaissent-ils le varroa ?
Etant donné le prix élevé des produits sanitaires que nous utilisons, que font-ils pour combattre les maladies de la ruche ?
Pour communiquer, nous savons que les abeilles pratiquent une danse décrite par Von Frich, les abeilles caucasiennes dansent-elles le Casatchok ?
Pourquoi y a-t-il toujours des bouses de vache autour des ruches et que nous marchons toujours dedans alors qu’il y a de la place à côté ?
Une suggestion : si vous désirez visiter un pays accueillant à la nature intacte, si vous souhaitez remonter le temps et découvrir des us et coutumes depuis longtemps abandonnées dans nos pays dits avancés, alors ne tardez pas, foncez (en évitant les trous dans l’asphalte). Nous sommes convaincus que ce voyage restera comme pour nous, dans vos mémoires.

Valerio et Philip.