En décembre 2018 une surprise nous attendait dans un des nichoirs de l'hôtel à insectes au jardin d'abeilles à Jette. Petite panique : est ce qu'il s'agissait d'un nid primaire de frelon européen ou asiatique ? Ou bien, vu sa petite taille (+/- une balle de tennis), d'un nid de guêpes ? En analysant les images que j'avais faites, Isabelle Coppée et Jean-Luc Renneson de la Société Royale Belge d'Entomologie m'ont apporté la réponse suivante : c'est un nid de guêpes Dolichovespula sp. Certaines espèces sont assez grandes et pourraient être confondues avec des frelons.
Conclusion de cette petite expérience : il n'est pas évident de savoir quels nids appartiennent à quels insectes. Maintenant que le frelon asiatique apparait chez nous et que des mesures sont initiées pour la destruction de leurs nids il vaut mieux en savoir plus. Pas seulement pour protéger nos abeilles du frelon asiatique mais aussi parce que nous ne voulons pas détruire d'autres espèces implantées en Europe depuis bien longtemps et concurrentes potentielles du frelon asiatique.


Cycle de vie et nid du frelon asiatique
Nid primaire : Du mois de mars au mois de juillet-août, en fonction de la région, une reine fondatrice fabrique un nid primaire, seule d'abord, relayée ensuite par les premières ouvrières. Ce nid primaire permet à la colonie de monter en puissance et ne dépassera pas la taille d'un ballon de hand-ball. Il a une petite ouverture par le dessous et des alvéoles sont totalement invisibles de l'extérieur. Tous les endroits abrités sont bons pour construire ce nid primaire : un abri de jardin, un petit appentis, un nichoir abandonné...
Nid secondaire : Durant l'été, les ouvrières du nid primaire se mettent à construire un nid secondaire et quittent le nid primaire devenu trop petit. Ce nid secondaire peut atteindre une taille de près d'un mètre de haut pour un diamètre de 80 cm et peut contenir 13000 individus dont plusieurs centaines de futures reines. L'entrée du nid est une petite ouverture située sur le côté. Bien que celui-ci soit généralement construit à la cime des arbres (+ de 10 m), des statistiques françaises démontrent que la hauteur du nid secondaire a tendance à diminuer de génération en génération, probablement parce que le frelon asiatique n'a pas (ou peu) de prédateur naturel en Europe. Il est donc possible aussi de trouver un nid du frelon asiatique à hauteur d'homme. Il arrive aussi que le nid primaire devienne le nid secondaire. Avant l'hiver, les jeunes reines auront quitté la colonie pour passer la saison froide cachées dans des endroits abrités. Le reste de la colonie meurt. Bien que seules ces futures reines soient capables de résister à des températures négatives, seulement 5% d'entre elles survivront à l'hiver et recommenceront un nouveau cycle.  

Nid de frelon européen vs nid de frelon asiatique
Le frelon européen construit également un nid primaire et secondaire. Il n'est pas facile de le différencier ce dernier du nid de son cousin asiatique mais il y a quand même quelques différences importantes dans la construction du nid secondaire :
Le nid du frelon européen possède une large ouverture de plus de 10 cm située en bas du nid. Elle permet d'apercevoir le couvain et les larves. Le nid se situe presque toujours dans l'obscurité et dans des lieux abrités comme le tronc d’un arbre ou un grenier. Il est impossible de trouver un nid de frelon européen à l'air libre en pleine lumière et encore moins exposé aux intempéries. Plutôt conique et de plus petite taille que l'asiatique, il mesure moins de 40 cm de diamètre en moyenne.
Le nid du frelon asiatique possède une petite ouverture de moins de 4 cm qui, lorsque le nid est petit, se situe plutôt en bas et puis sur le côté lorsque le nid dépasse 15 cm de diamètre. Le nid est plutôt sphérique et beaucoup moins caché que le frelon européen. Il se situe souvent en pleine lumière et dans des situations exposées (façade d’immeubles, avancées de toit extérieur, cime des arbres). Le papier est formé de nombreuses petites écailles concentriques et il n’y a pas de trouées dans l’enveloppe.



                        
        

Malgré ces différences, notre expérience au Jardin d'abeilles nous a appris qu'il est très difficile de reconnaître une espèce à son nid et que la façon la plus sûre de savoir à qui on a affaire reste donc l'observation directe de l'insecte.

Périodes optimales pour la destruction d'un nid de frelon asiatique :
La reine fondatrice est seule dans son nid durant une quinzaine de jours au démarrage de la construction du nid primaire. C'est le moment le plus facile pour détruire le nid. Plus on avance dans la saison, mieux le nid sera défendu ce qui augmente le risque de piqures lors de la destruction du nid. À la moindre perturbation du nid, les frelons sont alertés et peuvent quitter le nid très rapidement pour attaquer très agressivement. Les moyens de protection classiques — les simples vareuses des apiculteurs - s'avèrent insuffisants. Dans la mesure où ce frelon peut projeter son venin en direction de son assaillant, il est nécessaire d'avoir une protection oculaire et une protection des voies respiratoires. Les nids secondaires doivent êtes détruits entre les mois de septembre et fin novembre. Pendant la période hivernale il est inutile de détruire un nid de frelon asiatique puisque toutes les nouvelles fondatrices auront déjà quitté le nid et celui-ci ne sera pas réutilisé.

Les pompiers au secours des apiculteurs
Bernard Demarteau, Caporal au SIAMU de Bruxelles, nous a précisé qu'il est absolument interdit de détruire soi-même un nid de frelon ! Les trois gouvernements régionaux ont désigné les pompiers pour la destruction des nids de frelons asiatiques. Pour toute intervention auprès d'un nid de frelon asiatique, il faut donc appeler les pompiers!

Conclusion : que faire si vous trouvez un nid ?
- Prendre des photos (sans se mettre en danger!) pour identifier l'espèce.
- Référencer toute observation d'individus suspects sur « www.observations.be » et s'assurer qu'il s'agit bien du frelon asiatique.
 -Sur le territoire de Bruxelles Capitale : contacter les pompiers bruxellois au numéro 112.    

Nathalie et Dieter  

 
Sources :
https://anti-frelon-asiatique.com/savoir-les-reconnaitre-frelon-asiatique-ou-europeen/
https://www.civieleveiligheid.be/fr/actualites/le-frelon-asiatique-reconnaitre-signaler-et-securiser
www.fontenayvendee.fr/medias/2018/01/differences_entre_nids_frelons.pdf
https://frelons-asiatiques.fr
www.apiculture.net