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Cet article est dédié aux lunettes !
Que fait un article de lunettes dans Le Rucher Fleuri ?
Je vais me faire un plaisir de vous démontrer que l’abeille a un lien avec les lunettes. Un petit voyage en Asie et une visite dans mon atelier.

Depuis toujours, nous employons de la corne de buffle pour fabriquer différents objets. Des boutons, des manches de couteaux ou des lunettes.

La corne provient des buffles domestiques d’Asie, le Bubalus bubalis, un animal présent de l’Inde au fin fond des Philippines. À part son apport dans les tâches de l’agriculteur et finalement sa viande, le buffle possède aussi deux majestueuses cornes qui auront une deuxième vie.

La corne de buffle est facile à manier et existe dans différents tons. Noir opaque, laiteux ou brun translucide, la corne est unique. Solide et légère elle procure aux porteurs de lunettes un confort incomparable. Intemporelle et élégante les lunettes en corne peuvent être portées des décennies. Toutefois, suite à un usage intensif la corne tend au ternissement. Il faudra l’entretenir… avec la cire que nos petites abeilles nous fournissent.

Ce produit sert à de nombreux usages auxquels on ne pense pas toujours. Elle est également utilisée dans la lunetterie.
Elle a des vertus nourrissantes pour la corne ou encore les sabots.
Pour garder l’éclat brillant de la corne polie, elle doit être nourrie au moins tous les 2 ans.

Voici comment je procède :
Avant toute chose, il faut retirer les précieux verres optiques de la monture, pour écarter tout risque d’agression. De la vapeur d’eau chaude dilatera la monture et n’abimera pas la couche antireflet très sensible à la chaleur.

Une fois les verres ôtés , je trempe la monture entière dans un bain de cire d’abeille chauffé à plus ou moins 40°C. Quelques secondes suffisent, le temps que de fines petites bulles d’air se forment le long de la monture. Une fois la cire durcie, je retire le surplus avec un chiffon. La corne est nourrie, mais ne brille pas encore. Pour la faire briller je vais la polir avec la polisseuse circulaire en toile de coton : elle tournera à 1500 tours par minute. C’est un travail délicat et précis, il faut polir chaque face de la monture et les branches. Pour la partie intérieure du nez de la monture, une polisseuse manuelle plus fine sera utilisée.

Voilà le travail fait.

Pour l’adaptation des branches de la monture derrière les oreilles du client, je trempe la monture dans mon bain de cire d’abeille chauffée ce qui rendra la corne flexible. Je courbe les branches, toujours dans le sens des fibres, la corne chaude ne cassera pas. Une fois la bonne courbe obtenue, je trempe la branche sous l’eau froide pour la rendre directement rigide.

Ma cire d’abeille se trouve dans une petite friteuse de 500cl, idéal pour la chauffer rapidement et ne pas s’en mettre partout.

Voici une relation entre les abeilles et les lunettes, ou l’apiculteur et l’opticien.

Ludovic Elens