Nous (Isabeille et Jean-Miel) utilisons depuis mi-mai 2020 les balances connectées CBK (connected beekeeping) de Jérôme Alphonse.
Vous suivez nos colonies et celles du réseau CBK au cours des 4 saisons. Place au quatrième épisode, l’automne. 
Quelques rappels préalables :
Chaque balance enregistre le poids de 4 pesons sur lesquels 4 ruches sont posées.
Chaque balance est reliée à un émetteur qui envoie toutes les heures un message à un relais qui peut transmettre les données envoyées par maximum 6 balances soit 24 pesons (24 ruches).
L’évolution du poids au cours du temps donne des informations sur la colonie en termes de vie, santé, ressources, sortie ou de rentrée d’abeilles dans la ruche.
A chaque saison, des variations de poids subites et ponctuelles sont possibles et indépendantes des réserves de miel et des rentrées de nectar-pollen.
Ainsi en automne, les ruches peuvent prendre du poids subitement selon les conditions climatiques. En effet, une période de pluie entrainera un gonflement du bois et la présence des butineuses dans la ruche.
Il est facile de comprendre que l’interprétation de l’évolution du poids des colonies doit se faire en tenant compte de ces paramètres et que l’observation de l’évolution hebdomadaire, mensuelle voire trimestrielle lissera l’impact des conditions météorologiques sur le poids des ruches.
Tout cela étant précisé. Intéressons-nous à l’évolution du poids des ruches entre le 1 septembre 2022 et le 26 novembre 2022. Nous nous étions quittés sur un été chaud et sec avec des impacts différents sur les miellées selon les régions et dont les principales caractéristiques sont rappelées par le premier graphique . Le mois de juin avait été caractérisé par une spectaculaire différence de miellée entre les différentes régions en Wallonie et à Bruxelles. A une miellée quasiment inexistante en région Bruxelloise, province du Brabant et du Hainaut, les provinces de Luxembourg, de Namur et de Liège dans une moindre mesure ont eu une merveilleuse seconde miellée.
Il est remarquable d’observer entre le 1er juillet et le 31 août une perte moyenne de 7.5 kg par colonie dont 5 en juillet et 2.5 en août dont nous avions abordé les raisons plausibles dans le Rucher Fleuri précédent.
Le graphique 2 englobant la période du 1 septembre au 26 novembre 2022 illustre deux choses importantes :
1—Une différence majeure de ressources en région Wallonie Bruxelles se traduisant par un gain net moyen par colonie entre le premier janvier et fin novembre : + 65 kg en province de Luxembourg
+ 46 kg en province de Namur
+ 39 kg en province de Liège
+ 15 à 17 kg dans les 3 autres régions (Bruxelles, Brabant et Hainaut)
2—L’entrée progressive des colonies en hivernage à partir du début novembre se traduisant par un aplatissement de la pente du poids, témoin de la réduction du couvain et des besoins métaboliques des colonies.
Pour le point 1, le bilan quantitatif moyen des colonies devra être fait fin décembre pour avoir une idée générale complète. Mais d’ores et déjà, nous pouvons distinguer deux phénomènes bien distincts faisant l’objet d’analyses chez CBK, deux miellées en provinces du Luxembourg, Namur, Liège et une seule miellée de printemps à Bruxelles, provinces du Brabant et du Hainaut.
Pour le point 2, nous avions déjà vu dans le premier numéro de mars 2022 que la consommation moyenne d’une colonie était de 700 gr en novembre 2021 et 500 gr en décembre 2021 pour s’accélérer très nettement dès le premier janvier lors de la reprise du couvain.
Il est important de noter que les graphiques d’évolution de poids moyen des colonies ne prennent en compte ni le retrait des hausses, ni le nourrissage pour l’hivernage puisque toute variation subite du poids d’une colonie est annulée.
Le graphique 3 illustre l’évolution du poids des 4 ruches connectées du rucher école aux Fraternités du Bon Pasteur à Woluwe-Saint-Pierre pour la période de fin mars 2022, date de l’installation des 4 balances au 26 novembre 2022.
Il est notable de relever l’évolution pondérale de la ruche P2 en mauve (ligne du dessous) dont le bilan global est négatif (-2 kg) l’opposé des + 12 à + 14 kg des 3 autres colonies. Ceci pose la question de la robustesse, de la santé des colonies et de leur capacité à assurer leur survie sans l’intervention de l’apiculteur.
Ces observations illustrent les différences majeures existant entre les différentes régions de notre pays en termes de miellées mais aussi en termes individuels entre les colonies d’une même région avec des questions à se poser en termes de sélection et de soins à prodiguer.
L’automne étant la période d’un ralentissement de la vie des colonies, d’un retour au calme aujourd’hui dérangé par l’arrivée d’un nouveau perturbateur dans la vie de nos abeilles, le frelon asiatique dont nous avons pour la première fois cette année pu mesurer la prédation en région Bruxelloise.
Jean-Miel